Récit de voyage : Malaisie

du 06/02/2017 au 18/02/2017

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6 février, jour 229 : Frontière thaïlandaise – Kangar (27 km)

7 février, jour 230 : Kangar – Yan (104 km)

8 février, jour 231 : Yan – Butterworth (73 km)

9 février, jour 232 : Butterworth – Georgetown (10 km)

11 février, jour 234 : Georgetown – Bagan Serai (67 km)

12 février, jour 235 : Bagan Serai – Bruas (99 km)

13 février, jour 236 : Bruas – Sungai Besar (125 km)

14 février, jour 237 : Sungai Besar – Klang (101 km)

15 février, jour 238 : Klang – Sendayan (100 km)

16 février, jour 239 : Sendayan – Kapung Tengah (105 km)

17 février, jour 240 : Kampung Tengah – Senggarang (112 km)

18 février, jour 241 : Senggarang – Johor (117 km)

L’entrée en Malaisie renoue avec le relief, une belle petite côte de 200m. Elle n’est pas très difficile mais il faut se réhabituer et avec le climat humide je me nois dans la sueur au moindre effort intense. Il faut entendre par là que rouler sur le plat ne demande pas beaucoup d’efforts ;). Une fois le col passé, la vue est imprenable sur la vallée plate ponctuée de quelques massifs karstiques isolés. Fait inhabituel, j’ai froid au cours de la descente, comme si certaines portions de la route étaient climatisés ! Les jours suivants, je reste proche de la côte ouest, en terrain plat, bien loin des reliefs montagneux du centre de la péninsule. La température est invariablement de 31-32°C le jour, à peine moins la nuit. Le ciel est clément les premiers jours avant de devenir de plus en plus couvert en avançant vers le sud où les pluies deviennent presque quotidiennes. Je suis plutôt chanceux en étant toujours à l’abri pendant les violentes averses de l’après-midi. C’en est parfois ridicule : quand j’attends une demi-heure que la pluie se calme pour reprendre la route, je constate qu’à quelques centaines de mètres de là il n’est pas tombé la moindre goutte. L’humidité offre un superbe spectacle le matin, le léger brouillard éclairée par le lever du soleil crée une atmosphère mystérieuse, un peu comme un rêve, avant que les rayons dissipent cette brume et écrasent tout de leur poids.

Vue sur la plaine peu après l'entrée en Malaisie
Vue sur la plaine peu après l’entrée en Malaisie
Brume du matin
Brume du matin

J’ai pris du repos les premiers jours dans le pays, en retrouvant des collègues en installation de machine à Butterworth (pile sur ma route et pile à la bonne date !) puis en me rendant à Georgetown sur l’île de Penang. Cette île a été cédée par un sultanat malais à l’empire colonial britannique en échange de la protection de ce dernier. Elle est devenue une importante place pour le commerce et en a gardé les traces. On retrouve une architecture britannique de certains bâtiments et un style colonial les maisons de la vieille ville. Cette vieille ville est séparée en plusieurs quartiers correspondant aux pays d’origine des immigrés venus ici commercer : Chinois, Indiens, Arméniens. La population de la Malaisie est diverse avec deux-tiers de Malais et d’importantes minorités de Chinois et d’Indiens mais ce mélange est encore plus frappant à Georgetown. La ville est un grand lieu artistique, on trouve un peu partout des dessins ou des œuvres sur des pans de mur de maisons, des hôtels ou des restaurants aux concepts originaux et des boutiques de souvenirs avec des produits moins classiques que dans d’autres lieux touristiques.

"Art de rue" à Georgetown
« Art de rue » à Georgetown
Temple à Georgetown
Temple de style chinois à Georgetown
Grand temple bouddhiste sur les hauteurs de la ville
Grand temple bouddhiste sur les hauteurs de la ville

La Malaisie parait plus riche que la Thaïlande et les pays précédents. Les voitures sont bien plus fréquentes que les deux-roues. Les maisons sont presque toutes en dur (et pas en bois) avec assez souvent une pelouse parfaitement tondue voire un jardin. J’ai parfois eu l’impression d’être en Europe en voyant les habitations. Ça contraste fortement avec le Cambodge où les maisons sont des cabanes en bois et le jardin un dépotoir auquel on met le feu de temps en temps pour se débarrasser des déchets.

Le reste de l’environnement est fait de champs noyés par l’eau et de plantations de palmiers à huile. Ces plantations, notamment au nord de la capitale, s’étendent presque continuement sur des dizaines de kilomètres et à perte de vue de chaque côté de la route. C’est monotone et pas pratique du tout pour camper : dans les champs inondés évidemment impossible et dans les plantations, outre les clôtures, je ne suis pas fan des bébêtes. On y trouve des babouins et de vilains scolopendres. Ces derniers sont des millepattes géants d’une vingtaine de centimètres, plutôt agressifs et à la morsure très douloureuse (voire mortelle pour un enfant). Alors que je campais sur la pelouse de mon gentil hôte, celui-ci me montre un de ces scolopendres parmi les feuilles mortes à quelques mètres de ma tente. Je suis bizarrement devenu méfiant en sortant de ma tente après ça !

Petite route entre les palmiers à huile
Petite route entre les palmiers à huile
Les fruits du palmier desquels on extrait l'huile
Les fruits du palmier desquels on extrait l’huile

Alors que je roulais près d’une rivière dans la ville de Butterworth, j’ai vu passer un varan sur le chemin, décrit rapidement c’est un gros lézard avec une langue de serpent, sa taille était d’environ 1 mètre de long. Je ne crois pas qu’ils soient dangereux parce qu’on en trouve beaucoup dans ces pays, même en plein centre de Bangkok mais ça doit surprendre de tomber nez à nez avec une bête de ce genre en sortant de la tente. Surtout qu’il y en a de plus gros…

J’ai pu à chaque fois camper à côté d’une maison, sur la pelouse, ou à côté d’une mosquée sur le béton ou sous un abri mais toujours dans la tente qui me servait en quelque sorte de moustiquaire.

Notre-Dame de Lourdes, si si, celle de Malaisie
Notre-Dame de Lourdes, si si, celle de Malaisie

À noter la mésaventure la dernière nuit passée sous la tente. N’ayant pas trouvé de lieu plus favorable à cause de la forêt de chaque côté de la route, je trouve un vieux terrain de volleyball au bord de la forêt (en réalité une dalle de béton avec deux poteaux plantés là). Ce n’est pas idéal mais je m’installe quand même. Je reçois peu après la visite des hommes du village mais je comprends à peu près rien à ce qu’ils racontent, à part le mot « police ». Ça sent mauvais mais j’ai le temps de cuisiner et de manger avant de voir débarquer rien de moins que six motos des forces de l’ordre avec les gyrophares allumés. J’ai espéré un moment voir apparaitre un hélicoptère avec un projecteur braqué sur ma pauvre tente mais ils ne sont pas allés jusque là. Je suis déçu. Après m’avoir regarder ranger mes affaires en me pressant de me dépêcher (sans doute une autre affaire urgente les attend), ils m’escortent jusqu’à la mosquée où… Je pose ma tente, pareil, sur une dalle de béton. À part être au bord de la route nationale et devant les mégaphones de l’appel à la prière, je n’ai pas bien saisi la différence d’avec le lieu précédent. Je suspecte un paternalisme à deux balles, « pour mon bien ». Une douce nuit boules quiès dans les oreilles pour atténuer la douce mélodie des véhicules lancés à vive allure à 10 mètres de là.

Circuit du GP de Malaisie de Formule 1, juste à côté de l'aéroport de Kuala Lumpur
Circuit du GP de Malaisie de Formule 1, juste à côté de l’aéroport de Kuala Lumpur

D’ailleurs, impossible de passer la journée, et donc parfois la nuit, sans se boucher les oreilles. Il y a en Malaisie beaucoup d’adeptes du vroum-vroum prout-prout. Cela se présente sous la forme d’une moto dont le moteur semble avoir été remplacé par un marteau-piqueur ou bien d’une voiture souvent surbaissée au point de frotter le sol et qui fait le même bruit qu’une tondeuse à gazon dopée à la testostérone. Il doit bien y avoir un quart des véhicules modifiés avec un mauvais goût certain. Ça pourrait prêter à sourire si ça ne m’obligeait pas à passer presque 24h/24 avec les oreilles bouchées, à écouter de la musique le jour et à chercher le silence la nuit.

Je prépare la suite du voyage pendant mon séjour en Malaisie. J’achète notamment le billet d’avion de Singapour vers Buenos Aires pour le 21 février. Ça me laisse peu de temps pour flâner, je fais de grandes distances chaque jour pour avoir le temps d’arriver à Singapour, acheter un peu de matériel et préparer les bagages. J’arrive à battre un record de distance à 125km mais je peine à garder un rythme aussi soutenu que plus de 100km par jour. Je sens que j’ai beaucoup d’énergie à dépenser après des jours de repos mais après quelques jours de vélo, je retrouve un équilibre entre l’énergie que je récupère chaque nuit et ce que je peux dépenser le lendemain. L’alimentation doit jouer un rôle parce que j’ai pu revenir, en Malaisie, au plat de pâtes le soir à la place du riz. J’arrive plus facilement à grimper des collines en danseuse sans rétrograder et à relancer pour garder une vitesse d’environ 23km/h sur le plat.

Petit-déjeuner indien
Petit-déjeuner indien bien copieux
Premier aperçu de Singapour (les bâtiments à l'horizon !)
Premier aperçu de Singapour (les bâtiments à l’horizon !)
Johor de nuit, c'est de toute beauté
Johor de nuit, c’est de toute beauté

 

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