du 12/10/2016 au 26/11/2016
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12 octobre, jour 112 : Frontière arménienne – Joushin (53 km)
Mais que voilà ??? Une route qui monte, ça m’avait vraiment manqué… Je m’arrête au village le plus proche pour échanger des euros et acheter de quoi me restaurer. J’ai vérifié sur internet le taux de change : 1 euro = 35 000 rials. Mes 20 euros devraient donc me faire 700 000 rials. On me donne 1 410 000 rials, je n’y comprends rien et je me dis que le taux de change officieux est différent du taux de change officiel, ça tombe bien c’est dans le bon sens. Je suis accessoirement millionnaire pour la première fois de ma vie !
Le commerçant qui a bien voulu faire l’échange m’offre le petit déjeuner : des petits pains remplis de je-ne-sais-quoi (c’est une sorte de poudre noire, c’est pas mal) et du thé.
Avant de parler de ce qui suit, il faut savoir que les iraniens sont en très grande majorité musulmans chiites. C’est une branche minoritaire de l’Islam que l’on retrouve aussi en Irak, au Liban et au Bahreïn ; la branche très majoritaire étant le sunnisme pratiqué partout ailleurs. Le schisme a eu lieu lorsqu’il a fallu poursuivre l’oeuvre du prophète Muhammad après sa mort : les sunnites ont suivi les héritiers politiques tandis que les chiites ont suivi sa famille. J’assiste à un évènement religieux dans le centre du village, c’est l’Achoura et en ce jour est commémorée le massacre de l’imam Hussein et de sa famille en 680 par le califat d’alors. Les hommes se répartissent en deux groupes qui se font face et récitent des paroles, les deux groupes se répondant en tournant en cercle. C’est censé durer toute la matinée mais je ne reste pas. Après mon départ, les hommes pouvaient s’autoflageller le dos avec des chaines pour « vivre » le martyre.
Pendant que je les regardais réciter les paroles, deux hommes, en treillis couleur sable et avec pour seul appendice offensif une matraque, s’approchent, me serrent la main et me posent quelques questions classiques. Puis ils m’expliquent que la vue de mes mollets bronzés, musclés et velus créent des émotions impures et que par conséquent je dois enfiler un pantalon. Super, ça ne fait même pas une heure que je suis dans le pays et j’ai déjà à faire à la police des mœurs ! Je le retire en sortant du village, pas possible de pédaler avec un pantalon par cette température. Les femmes ont bien du courage pour supporter toutes les obligations vestimentaires…
Le reste de la journée, c’est montées, descentes, dans un paysage désert. Je casse un maillon de la chaine lorsque je change de vitesse en montée et que la vitesse passe mal. Je répare le maillon péniblement mais le dérive-chaîne, l’outil servant à délier et à relier les maillons, est foutu. Le maillon réparé reste fragile.
Au fond des vallées alimentées par une rivière, on se croirait vraiment en Europe avec la végétation et les champs verts mais dès que l’on s’en éloigne, il n’y a plus que la roche et la terre nue, avec parfois des touffes d’herbe et des buissons desséchés. Mais pas de villages sur ma route. Je n’ai plus beaucoup de nourriture et je commence à me rationner au cas où ça devrait durer. En effet, rien à l’horizon de toute la journée. Les noms sur la carte correspondent à des lieux-dits avec une maison ou une cimenterie. Il y a bien des villages indiqués à plusieurs kilomètres en montant une côte en cul-de-sac mais pas le courage de faire l’effort pour n’y trouver que des cabanes de bergers. La route continue de monter, je n’ai plus les forces pour continuer et je m’arrête après 62km.
13 octobre, jour 113 : Joushin – Sarand (71 km)
Je peine vraiment à avancer en ce début de matinée. Les montées sont difficiles : si je m’étais félicité d’avoir fini les grands cols en Arménie, je n’avais pas vérifié en détail le début du tracé en Iran et il me reste une dernière journée de grimpette, aujourd’hui. Je ne mange pas autant que je le voudrais mais je ne veux pas épuiser mes réserves sans savoir où je pourrai enfin me ravitailler. S’ajoute à tout cela un léger mal de ventre, signe peut-être d’une intoxication par un microorganisme dans l’eau. Je ne filtre plus mon eau depuis belle lurette sauf évidemment les rares fois où je la puise dans une rivière. C’est donc effondré que j’arrive aux abords d’un village. Il n’y a qu’un salon de thé mais ça me permet au moins de reprendre des forces avec un second petit-déjeuner et d’acheter des biscuits.
Après cette pause inespérée, j’arrive au bout de l’ascension à 2000m. Devant moi se montre un plateau aux pentes douces qui me permettent enfin de pédaler sans être constamment au bord de l’épuisement ! Avec ce répit, je peux avancer jusqu’à une ville où je peux manger à ma faim, youpi !!! Ça va tout de suite mieux, après la fin de l’Arménie où je n’avais plus d’argent et l’Iran avec ses 100km de désert humain.
Le relief plus doux rend ma progression plus facile dans l’après-midi mais la circulation se densifie au fur et à mesure que je m’approche de Tabriz, la grande ville du nord-ouest. J’ai l’impression d’être la reine d’Angleterre tant les gens me font des signes de la main, auxquels j’essaie de répondre quand je peux lâcher le guidon.
14 octobre, jour 114 : Sarand – Tabriz (85 km)
J’avance vite en cette matinée, la pente douce et le léger vent de dos aidant. À un moment, j’aperçois deux voitures dans le rétro et une voiture arrive en sens inverse. Comme d’habitude, j’ai envie de dire, celui derrière moi décide de mettre ma vie en danger pour gratter deux misérables secondes et me dépasse de trop près à mon goût. Au même moment, le deuxième véhicule derrière moi perd le contrôle et part glisser dans les cailloux sur le bas-côté. Une chance qu’il ne m’ait pas fauché et qu’il n’y ait pas de mur ou de fossé à cet endroit-là. Ça devait de toute façon finir par arriver à force de conduire comme des écervelés, en prenant des risques inconsidérés pour dépasser ou en se suivant comme des chiens se reniflant le pot d’échappement.
Alors que je mange mon petit-déjeuner dans un jardin public, un homme vient me saluer et nous échangeons quelques mots. Il revient quelques minutes plus tard m’offrir du pain avec du beurre et du miel, sympa. En reprenant la route, un camion-poubelle me prend en chasse et le passager veut absolument m’offrir le même repas ! De ce que je comprends, pendant l’Achourah et peut-être en particulier en ce vendredi, les mosquées mettent à la disposition de tout le monde de quoi manger.
En fin de matinée, j’arrive aux abords de la grande ville de Tabriz. Il me faut une bonne quinzaine de kilomètres pour arriver en centre-ville. J’aurais bien évité d’entrer dans la ville et faire face à la circulation mais j’ai besoin d’échanger de l’argent (mes 20 euros échangés le premier jour ne vont pas faire long feu), de remplacer mon dérive-chaîne cassé, d’acheter des patins de freins et d’acheter une carte SIM locale pour Internet. Manque de chance, c’est vendredi et la plupart des commerces sont fermés. J’échange mon argent dans la rue, on m’en donne 39000 rials pour 1 euro et après vérification sur Internet, c’est bien le taux non officiel d’août 2016. Je n’ai pas vraiment le choix. Je pense donc que les personnes qui m’avaient échangé mes euros le premier jour à 70000 rials se sont complètement loupés dans leur calcul… Ça change les choses parce que je m’étais pris pour le roi du pétrole au début (« super ! un resto à 2.50€ ! ») mais les prix sont en réalité deux fois plus élevés avec le vrai taux de conversion (« erf ! pas de resto tous les jours alors… »).
Je réussis à acheter une carte SIM mais pas moyen de faire comprendre que je veux acheter du crédit. On me dit « c’est facile pourtant, tu vas dans un distributeur de billet et tu recharges »… Sauf que je ne lis pas le farsi et de toute façon les cartes bancaires françaises ne marchent pas en Iran. Je laisse tomber. Pour les pièces de vélo, les boutiques ouvertes ne vendent pas de pièces, il faut que je revienne le lendemain.
Si l’on fait abstraction de la circulation automobile, la ville est sympa, on y trouve un bazar fait de ruelles couvertes mais tout est fermé en ce vendredi, des mosquées dont la Mosquée Bleu datant de 1495 mais manque de bol elle semble en rénovation, et des jardins publics bien fleuris et décorés. J’y serais bien resté mais c’est compliqué sans hôtel et avec le vélo, je visiterai plutôt des villes réputées comme Esfahan ou Shiraz.
Pour passer la nuit, je dois m’éloigner le plus possible de la ville en suivant une autoroute urbaine alors que le soleil se couche. Après 12km à monter l’aéroport et les faubourgs industriels, je trouve un terrain vague mitoyen d’une usine, impossible de planter les sardines mais il y a des pierres pour maintenir la tente et avec la nuit qui tombe je crains de ne plus rien voir en cherchant un meilleur lieu. Il y a des fois où je me demande vraiment ce que je fais dans cette galère :’)
15 octobre, jour 115 : Tabriz – Ajadshir (91 km)
Je mets la sauce dès le début pour m’éloigner de Tabriz et la circulation déjà dense à 6h40. Je décide même d’utiliser mes écouteurs comme boules quies pour m’éviter de devenir sourd ou perdre la raison. C’est nécessaire et ça ne va pas changer grand chose à la sécurité, je suis toujours au bord droit de la route et ce n’est pas avec le bruit permanent que je vais prévoir que quelqu’un a décidé de me faucher par derrière.
La route est essentiellement plate avec quelques montées et descentes pour passer des collines. À ma gauche se trouve une sorte de parc national (une « zone protégée ») mais l’aperçu que j’en ai en fait plutôt une zone montagneuse et désertique. À ma droite, le relief est parfaitement plat, plus loin se trouve un grand lac mais ça m’obligerait à faire un détour de plus de 100km pour m’y rendre sans savoir si c’est intéressant. Je préfère mettre le paquet pour avancer et prendre du temps pour visiter des sites intéressants.
Le bas du ciel prend des couleurs curieuses allant du gris à l’orange en passant par le brun. La lumière du soleil prend la teinte particulière, chaude, que l’on retrouve par exemple dans les films montrant le « Moyen-Orient ». Même en pleine journée, ça me donne l’impression que le soleil va bientôt se coucher. J’imagine que les poussières soulevées du sol par le vent créent cette couleur et cette lumière diffuse.
16 octobre, jour 116 : Ajadshir – Aydisheh (99 km)
J’avance très vite grâce aux bonnes conditions : vent léger de dos, route plate ou très légère descente, bon état de la route et à l’écart du trafic sur la bande d’arrêt d’urgence. Je passe dans plusieurs villes moyennes où je peux manger ou faire une pause dans des jardins publics. Une bonne journée comme il en faudrait tout le temps !
En milieu de matinée, dans la ville de Bonab, je souhaite acheter du pain. Apparemment en Iran, on entre dans la boulangerie, on annonce ce qu’on veut acheter et on regarde les boulangers étaler la pâte (c’est un pain plat), ajouter un peu d’huile et de graines de sésame et enfourner le tout. Quelques minutes plus tard le pain tout chaud est sorti du four et on repart avec. Il faudra que je pense à photographier la scène.
En fin d’après-midi, dans la ville de Miandoab, je rencontre Bahram qui tient un minimarket. Il est très heureux de voir que des étrangers viennent visiter l’Iran et me propose de prendre ce que je veux dans son magasin, en plus du sel que j’étais venu acheter. Je décline gentiment l’offre et je promets de le citer ici-même sur le blog ;). Plus tôt dans la journée, un automobiliste m’arrêtait pour exprimer également sa joie sincère de me voir visiter son pays. Après l’épisode du sel de Bahram, en sortant de Miandoab, j’achète des grenades (le fruit !) sur le bord de la route, le vendeur refuse que je le paie et ajoute des clémentines. Et encore quelques minutes plus tard, je fais une pause casse-croûte sur le bord de la route, un homme sort de la cabane devant laquelle je me suis arrêté et m’invite à boire le thé. Il me force à accepter son pain pour aller avec mon fromage. En fait, dans la cabane, il y a deux autres hommes en train de consommer des substances manifestement illicites, je ne me sens pas très à l’aise donc je ne m’éternise pas. Je conseille Miandoab pour l’accueil de ses habitants !
17 octobre, jour 117 : Aydisheh – Hasanloo (79 km)
Ayant quitté la grande route nationale depuis la veille, je me dirige vers le site historique de Takht-e Soleyman inscrit au patrimoine mondial. Le paysage alterne entre steppe aride et champs cultivés ou prés pour les troupeaux de vaches ou de moutons. Je m’avance peu à peu vers les montagnes que je me mets à grimper en fin de journée. C’est difficile de s’y remettre après plusieurs jours de plat !
À noter que la chaine réparée grossièrement le premier jour en Iran a fini par céder juste avant la pause déjeuner. Heureusement que j’ai sur moi une autre chaine équipée d’une « attache rapide », sans quoi j’aurais vraiment eu un gros problème car mon dérive-chaîne ne fonctionne plus et impossible d’en trouver un autre jusque-là.
Le soir venu, j’installe péniblement la tente dans un champs de blé. Le vent fort pousse sur la tente dans tous les sens pendant que j’essaie de planter les piquets dans un sol aussi dur que du sable : à la première rafale les piquets sortent du sol… Je passe bien une demi-heure à lutter pour avoir un abri à peu près stable.
18 octobre, jour 118 : Hasanloo – Takht-e Soleyman (71 km)
La grimpette de la veille se poursuit dès le bon matin, je dois monter à 2350m d’altitude avant d’avoir un peu de répit (c’est à dire descente…). Je m’installe au bord d’une rivière pour déjeuner. Elle est enjambée par un vieux pont en brique d’un style certain, je trouve que la forme des arches fait très « persan » même si je me trompe peut-être !
J’en profite pour faire une petite toilette dont j’avais bien besoin. Si les mosquées en Turquie étaient idéales, ouvertes sur la ville, avec toujours une cour ou jardin, des bancs pour se reposer, des toilettes et de l’eau à disposition à l’extérieur du lieu de prière, ce n’est pas du tout pareil en Iran. La mosquée est un bâtiment, comme le serait une église par exemple, et je ne me vois pas y entrer pour utiliser les toilettes (s’il y en a) ou me laver. Par conséquent, il est plus difficile de prendre soin de soi en voyage mais les températures sont clémentes (15-20° la journée). En été la situation serait bien plus compliquée !
L’après-midi je remonte le long de la rivière pour approcher petit à petit de Takht-e Soleyman. Je m’arrête juste avant le site archéologique, au pied de Zendar-e Soleyman, la prison de Salomon, ne sachant pas si je pourrai camper plus loin. Cette fois-ci, contrairement à la veille, le sol est dur et je suis obligé de cogner sur les piquets pour les enfoncer dans le sol.
19 octobre, jour 119 : Takht-e Soleyman – Khosh Magham (82 km)
Alors que le soleil se lève, je grimpe à pied le petit sommet au bas duquel j’ai passé la nuit. Il domine les alentours d’une centaine de mètres mais le plus impressionnant est le gouffre en son centre, un trou circulaire de 60m de large et 80m de profondeur ! Je peux dire que je ne faisais pas le fier lorsque je voulais voir le fond. La légende locale dit que le roi Salomon (Soleyman en farsi) serait venu sur cette montagne et dans la cité de Takht-e Soleyman un peu plus loin. Le gouffre au sommet de la montagne servait de prison pour les monstres capturés par Salomon. Quelle classe.
Justement, suivant les pas de Salomon, je m’y rends aussi. C’était le plus important centre religieux du Zoroastrisme au premier millénaire avant notre ère. Le Zoroastrisme est une religion monothéiste pratiquée en Perse et en Asie centrale avant l’arrivée de l’Islam. Il reste aujourd’hui encore quelques dizaines de milliers de fidèles en Iran et en Inde. Les ruines du temple du feu d’Azargoshnasb (atchoum) se trouvent ici-même. Je vous avoue avoir été déçu de ne pas trouver de mares de lave en fusion ou des gerbes de flammes s’échapper des murs, j’ai peut-être un peu trop pris au sérieux le titre de temple du feu ! Le site a ensuite été occupé par les Mongols au Moyen-Âge notamment, ce qui explique les fortifications plus récentes.
Après cet intermède historique, je reprends la route sous un ciel qui se couvre. En l’absence de soleil, la température chute brutalement de peut-être 10°, m’obligeant à rouler avec une polaire et des gants pendant un petit moment. Le ciel restera menaçant toute la journée avec même une averse dans l’après-midi ; de la pluie en Iran, bien peu auraient parié là-dessus. Après une route sans goudron le matin, je reviens ensuite sur une route importante, non loin de là où je l’avais quittée la veille. Je prends la direction du sud-est pour me diriger vers le centre du pays, en évitant la capitale Téhéran que plusieurs personnes m’ont déconseillé à vélo. Ça sera peut-être pour une autre fois !
20 octobre, jour 120 : Khosh Magham – Babai Shani (93 km)
Réveil dans un froid glacial : la tente est couverte de givre et une bouteille d’eau restée sur le vélo n’est plus qu’un gros glaçon. J’ai beau aller vers le sud et être maintenant à la même latitude que le centre de l’Espagne, je reste à une altitude autour de 2000m. L’atmosphère se réchauffe bien vite avec le soleil.
Dans la matinée, alors que je roule entouré d’un paysage immense s’étendant à perte de vue, une première moto me dépasse en jouant à me frôler au plus près possible, il y avait peut-être juste 5 cm d’écart. Son petit copain qui suit derrière fait mieux : une grosse claque dans le dos. Je l’aurais peut-être pris à la rigolade s’il ne roulait pas à 50 km/h à ce moment-là. Il m’a bien fallu quelques secondes pour comprendre ce qu’il se passait, c’est très étrange : le prout-prout d’une moto, suivi d’un bruit sourd et enfin une douleur dans la partie gauche du dos. Furieux, je me dis que je devrais vraiment me fabriquer un écarte-crétins : une pierre accrochée au bout d’un bâton dépassant sur mon côté gauche et un petit bandeau coloré pour signaler l’objet. De quoi punir les crétins s’approchant d’un peu trop près. Je ne sais pas comment réagirait un crétin cassant son phare en forçant un dépassement, je ne sais pas non plus si la pierre ne risquerait pas de me blesser ou me déstabiliser. Tout ce qu’il faut pour me mettre dans une humeur massacrante et envoyer paitre ceux qui ont essayé de m’adresser la parole pendant le reste de la matinée.
Après un bon déjeuner pour se calmer, un peu de relief pour ne pas perdre la main (ou les cuisses) et finalement une longue pente douce dans un paysage toujours immense mais qui s’adoucit.
21 octobre, jour 121 : Babai Shani – Aqcheh Kharabeh (96 km)
L’automne continue son avancée et les nuits de plus en plus froides. Je commence la journée complètement couvert, les températures ne deviennent supportables qu’après 9h. Je me lance dans ce qui sera une très longue montée de 80 kilomètres, m’occupant toute la journée, passant de 1650m à 2300m d’altitude. La pente est très faible et je ne me retrouve jamais en difficulté comme pendant l’ascension d’un col à pédaler aussi vite que si je marchais. Pendant l’essentiel de la journée, le trafic est réduit, peut-être un véhicule par minute en moyenne. Il se densifie en fin de journée à l’approche de la grande ville de Hamedan.
Dans la matinée, un motard me refait le coup du « je te dépasse le plus près possible ». Quelques minutes plus tard, il repasse dans l’autre sens et son passager en profite pour me jeter quelque chose, sans me toucher. Ils ont vraiment une case en moins dans le crâne dans ce pays. Je me décide enfin à fabriquer mon écarte-crétins dépassant d’environ 40cm sur mon côté gauche et lesté d’une pierre de 5cm. J’ai vraiment l’impression que les dépassements sont plus larges.
Pour le déjeuner, je trouve enfin un restaurant. J’avais cherché depuis plusieurs jours sans trouver autre chose que des rares fast-foods locaux à base de pizzas et de hamburgers d’après les images de la vitrine. Ça sera brochette de poulet grillé accompagné de tomates grillées et de riz, le tout dégusté assis sur un tapis et adossé à des coussins.