Je me suis fixé comme objectif de rejoindre Singapour depuis Paris sur mon vélo. J’ai choisi cette destination par hasard, je n’irai peut-être même pas à Singapour mais vers une autre destination ou bien continuer en Australie et en Amérique. Il fallait tout de même que je me donne un objectif pour rendre le projet plus concret donc pourquoi pas rejoindre l’autre bout du bloc Eurasiatique ? Ça aurait même eu plus de gueule de commencer dans le Finistère ou en Galice 😉
Pour tracer le parcours, j’ai dû tenir compte des contraintes géopolitiques. Si je trace une ligne Paris-Singapour, elle passe par des régions dangereuses ou en guerre comme la Syrie, l’Irak ou le Pakistan ; ou des pays ou régions fermés aux touristes – je pense notamment à la Birmanie et au Tibet. C’est pour cela aussi que je suis contraint de prendre l’avion à deux reprises et ce n’est pas de gaieté de cœur.
Il y a aussi la question du climat et des dates. En partant à la fin du printemps, je dois essayer de passer par des régions chaudes ou tempérées et pas trop pluvieuse. Ça serait bête de me retrouver en pleine période de mousson par 35°C ou dans les montagnes en hiver.
Il y a également des régions où j’ai envie d’aller parce qu’ils me fascinent et me font rêver : Croatie, Grèce, Géorgie, Iran, Oman… Ce voyage à vélo est une occasion d’aller dans ces pays et les vivre de manière plus riche de par mon moyen de locomotion.
Le tracé suivant est indicatif, il me permet de prévoir les conditions rencontrées, les visas dont j’aurai besoin, les distances à réaliser et les dates. En réalité, j’improviserai le chemin en fonction des conseils des gens rencontrés et des situations : ça n’a évidemment aucun sens de prévoir que je passerai par la route D97 le 26 juin 2016. Plus le tracé que je présente est avancé, plus il est flou : je suis sûr à 99% de longer la mer Adriatique, un peu moins sûr de longer la mer Noire et encore moins sûr de suivre la côte Vietnamienne sans aller au Laos.
Section 1 : Paris, France – Trieste, Italie (1600 km)
Le départ depuis la France permet de démarrer facilement, sans organisation comme l’aurait nécessité un départ en avion, dans un pays et une culture très bien connus, le dépaysement sera ainsi très progressif. Selon l’envie, je pourrai rester au fond des vallées ou bien monter sur les premières collines pour m’entraîner physiquement. J’évite normalement de passer les Alpes brutalement par un col en restant au bord de la mer Méditerranée. Je traverse ensuite l’Italie au nord, avec peut-être un détour par le massif des Dolomites.
Section 2 : Trieste, Italie – Istanbul, Turquie (2200 km)
Après l’Italie, le changement et les découvertes commenceront vraiment avec l’ex-Yougoslavie puisqu’on connait finalement assez peu l’Europe du sud-est. Il fera chaud, il y aura beaucoup de dénivelé, ça sera aussi un défi physique en plein cœur de l’été. La traversée de l’Europe s’achèvera dans LA ville-carrefour entre les continents européen et asiatique : Istanbul.
Section 3 : Istanbul, Turquie – Tbilissi, Géorgie (2600 km)
La Turquie est le pays qui suscite chez moi le plus d’inquiétude par rapport à la sécurité. En restant dans le centre et le nord, je devrais être à l’abri des évènements lies à la Syrie, à l’Irak ou au Kurdistan. Mais il y a aussi le risque d’avoir affaire à des groupes criminels. J’espère que ces inquiétudes ne gâcheront pas le voyage et que je pourrai découvrir ce grand pays sans a priori.
La Géorgie est parait-il une superbe destination mais le pays est aussi en conflit dans certaines régions séparatistes et avec la Russie.
Section 4 : Tbilissi, Géorgie – Bandar Lengeh, Iran (3200 km)
Le gros morceau de cette section est bien sûr l’Iran. C’est le pays qui suscite le plus de peur de la part des gens avec qui je parle du projet, sans doute à cause des conflits diplomatiques avec les gouvernements occidentaux et des médias qui diabolisent ce pays. Il faut en réalité éviter les régions frontalières de l’Irak, de l’Afghanistan et du Pakistan ; le reste du pays est paisible. Hâte de découvrir les richesses de Perse et des villes comme Chiraz ou Ispahan. L’entrée nécessite un visa que je ferai en Turquie, à Istanbul ou Trabzon.
Je rejoindrai la côte sud pour traverser le Golfe Persique en ferry et rejoindre Dubaï. La traversée du Pakistan étant très dangereuse, je fais un détour par la péninsule arabique avant d’aller en Inde.
Section 5 : Dubaï, EAU – Muscat, Oman (700 km)
Dubaï est sans doute la cité la plus exubérante du monde avec une débauche de richesse qui frôle l’indécence. Pas sûr qu’elle soit très intéressante à visiter mais c’est la porte d’entrée vers Oman. Le sultanat d’Oman offre un mélange de montagnes, de désert, de mer turquoise et d’oasis cachées au fond des canyons. La culture arabe traditionnelle reste très vivante. A Muscat, je ferai les formalités pour le visa indien et prendrai l’avion vers Mumbai.
Section 6 : Mumbai, Inde – Calcutta, Inde (2600 km)
Ah l’Inde ! Un pays qui mériterait à lui seul un voyage de plusieurs mois ! J’ai dessiné ce tracé vraiment au pif, ça pourra être plus long, en allant peut-être plus au sud, jusqu’à l’État du Kerala par exemple ; ou plus court si le dépaysement est trop fort. Certains voyageurs à vélo ont vraiment eu du mal avec les populations locales, curieuses de voir des drôles d’étrangers venus faire du vélo et planter leur tente pour la nuit. Ça peut aller au point où des dizaines d’indiens s’attroupent et suivent les cyclo-randonneurs. C’est donc avec des sentiments mêlés de curiosité, de découverte et de crainte d’être sur-sollicité, que j’attends l’Inde.
La frontière entre l’Inde et le Myanmar étant fermée aux touristes, je compte m’envoler de Calcutta vers l’Asie du sud-est.
Section 7 : Hanoï, Vietnam – Singapour (4500 km)
La partie la plus hypothétique du voyage : j’atterrirais à Hanoï au Vietnam pour partir en direction de Singapour, via le Cambodge la Thaïlande et la Malaisie péninsulaire. A ce moment-là, j’aurai déjà décidé si je prolonge ce voyage pour en faire un tour du monde et j’adapterai mon parcours en fonction !