Pas de nouveau récit de voyage aujourd’hui mais un sujet de réflexion qui m’est venu en pleine montée d’une cote. Ça tombe bien, c’est la bonne période pour se poser cette question. Qu’est-ce que je vaux par rapport à un coureur du tour de France ??
Cette question a ses limites puisque je ne suis pas spécialement entraîné à faire des courses cyclistes, j’ai un vélo et surtout un équipement qui pèse un âne mort (~45 kg je pense) et de toute façon mon état d’esprit n’était pas de battre un record. J’ai consulté par hasard les grandeurs qui vont me permettre d’estimer l’effort fourni, les voici (rigolez pas !) :
- ascension de 80m mesuré au GPS
- distance parcourue de 2km mesuré au compteur du vélo
- durée de 11 minutes
- masse totale de 120kg
Il faut d’abord calculer l’énergie dépensée pour faire cette ascension. En physique, l’énergie est la quantité avec laquelle on produit des changements d’état : mon vélo et moi sommes montés de 80m donc combien a-t-il fallu « payer » pour réaliser ce changement ? Dans ce cas-là mes muscles ont travaillé et fourni de l’énergie mécanique pour nous hisser plus haut, pour augmenter notre énergie potentielle de pesanteur, aux pertes près.
Cette énergie potentielle est le produit : masse x accélération de pesanteur x hauteur. Soit : Énergie = 120 kg x 10 m/s^2 x 80 m = 96 000 Joules
Ca paraît beaucoup mais ca ne fait que 24 kilocalories ou 12 tic-tacs ou 0,026 kilowattheure, ce sont toutes des unités d’énergie ! En réalité mon corps a fourni bien plus d’énergie que cela. Elle s’est en grande partie transformée en autre chose que de l’énergie potentielle de pesanteur: mon corps a gagné de l’énergie thermique (j’ai chaud), mes pneus et la route aussi (ils sont un peu plus chaud qu’avant mon passage), l’air a gagné de l’énergie cinétique (je l’ai mis en mouvement, etc. L’important est que, globalement, l’énergie totale n’a pas changé, elle a juste changé de forme et de lieu.
Cette énergie potentielle de 96 000 Joules a été produite sur une durée de 11 minutes ou encore 660 secondes. La puissance moyenne, c’est-à-dire le rythme auquel cette énergie a été transférée, a donc été de 96000 / 660 = 145 Joules/seconde ou Watts. J’aurais pu allumer une jolie ampoule au prix d’un grand effort mais certainement pas faire fonctionner un four ou un lave-linge… Ces 145 Watts peuvent être convertis dans une autre unité utilisée par les amateurs de mécanique : 0,19 cheval-vapeur, on est loin d’une Formule 1 qui peut produire 700 chevaux-vapeurs !
Tout ça pour me comparer à un coureur du Tour de France : Froome par exemple, ses chiffres sont faciles à trouver à cause de ses performances « surhumaines ». Il a été estimé à 447 Watts dont 373 Watts pour grimper, pendant 32 minutes. Sur une durée de 11 minutes comme moi il aurait sans doute dépassé les 500 Watts totaux. Je suis donc grosso modo 3 fois moins fort que Froome 🙁
Cet ordre de grandeur de 3 ne dépend pas tellement du matériel puisque j’ai certes un moins bon vélo et des sacoches qui résistent à l’air mais je vais aussi moins vite donc la résistance de l’air est moindre. Ces pertes sont importantes sur du plat où l’effort sert à vaincre ces pertes de roulement et de frottement mais elles sont faibles par rapport à l’effort à fournir pour grimper.
C’est intéressant de noter que si je courais le 100m, je ne mettrais pas 28 secondes en étant 3 fois plus lent qu’Usain Bolt, je ferais un meilleur temps. Par contre sans entraînement spécifique, j’aurais du mal à courir un marathon même en 6 heures. Nos performances peuvent s’améliorer dans de bien plus grandes proportions dans les sports à effort prolongé que ceux à effort explosif ? Bonne nouvelle, j’arriverais peut-être bientôt à monter avec une puissance de 200 Watts ou même plus 🙂
A bientôt pour parler de l’Italie!
Pour aller plus loin :
PS : Coucou Mister O’Drigues !