du 09/07/2016 au 20/07/201
09 juillet, jour 17: Menton – Albenga (99.63 km)
La frontière est à deux pas de Menton donc elle passe très vite en Italie !
L’ambiance est plus populaire côté italien, il y a un gros contraste par rapport aux villas luxueuses qui pullulent sur la côte entre Cannes et Monaco. À Vintimille coule la Roya que j’avais eu le plaisir de descendre en canyoning il y a quelques années. Elle est bien plus calme ici que dans les montagnes.
Chose que je remarque assez vite : quand je passe devant les italiens avec mon vélo chargé, ils me suivent du regard comme si j’étais un extraterrestre alors que les français m’ignoraient, ça se confirmera partout en Italie et pas seulement sur la côte. En début d’après-midi, j’ai une discussion technique sur le voyage vélo avec un italien qui souhaiterait se lancer. Ça sera finalement le seul (ou presque) à parler anglais. Il revient même m’inviter chez lui mais je décline, ayant pas mal de kilomètres à encore parcourir.
10 juillet, jour 18 : Albenga – Sasselo (81.37 km)
Les baies, les plages, les tunnels et les falaises défilent pendant une bonne partie de la journée. La plus grande partie des plages est privée, il faut payer quelques euros pour y accéder et avoir un transat / parasol. Je finis par trouver une plage publique mais elle n’est pas équipée de douche d’eau douce. Je me baigne mais je galère vite avec le sel qui sèche sur la peau…
C’est un dimanche, tout le monde est de sortie pour aller se baigner, la route est bruyante et désagréable. Je quitte la côte peu après Savona pour grimper dans les montagnes à la limite entre les Alpes et les Apennins. La montée de 500m est longue et difficile, il fait très chaud. Je finis par en voir le bout dans le village de Sassello où j’assiste à la finale de l’Euro. La France perd et moi aussi, obligé de planter ma tente de nuit à 23h30 !
11 juillet, jour 19 : Sasselo – Rivalta Scrivia (95.57 km)
Je bénéficie des efforts de la veille pour avancer vite dans la matinée. La route passe au dessus d’une rivière de montagne et la voie piétonne du pont est en fait une grille, ça fait son petit effet de marcher à 20m au dessus de l’eau et des rochers.
J’arrive dans la vallée du Po qui sera le cadre des jours suivants, le paysage ressemble à ce qu’on peut trouver dans la partie nord de la France, des forêts de feuillus, des champs, des rivières paisibles; les cigales en plus ! Ça change de la côte qui était accidentée et avait une végétation typiquement méditerranéenne.
Dans l’après-midi, des nuages menaçants se forment et semblent déferler dans ma direction. Ça me donne un bon coup de fouet pour accélérer le rythme et échapper aux pluies. L’orage ne me rattrapera pas 🙂
12 juillet, jour 20 : Rivalta Scrivia – Miradolo Terme (100.34 km)
Je passe au dessus du Po dans la matinée, il fait un peu pitié à voir par ce temps sec mais vu la taille de son lit de plusieurs centaines de mètres de large, ses crues doivent être redoutables.
Je commence à découvrir l’architecture des villes italiennes avec des places entourées de beaux bâtiments publics, tout un quartier piéton et où les gens se déplacent souvent à vélo. Ça concerne même les petites villes, c’est très agréable.
Les rizières le long de la route donnent une petite ambiance sud-est asiatique. En début d’après-midi, l’orage auquel j’avais échappé la veille se venge et me trempe complètement en 5 min. C’est forcément arrivé loin de tout abri 🙁 . Le retour du soleil me fait sécher, ce n’est finalement pas si terrible.
Je passe par Pavia où je suis censé pouvoir récupérer l’Eurovélo 8 que j’avais empruntée dans le Lubéron en France. Tous mes espoirs sont anéantis en constatant l’aménagement catastrophique. Par exemple aucune indication de direction malgré l’existence de plein de variantes de routes différentes, si j’arrive à une intersection de 4 routes, je prends laquelle ?? Le chemin n’est pas goudronné et oblige parfois à passer dans des herbes hautes, ça serait déjà difficile en VTT alors avec tous mon attirail je laisse tomber.
Le soir venu, je demande à des personnes qui travaillent dans un jardin public si je peux y passer la nuit. On me répond que non et puis on me propose quelque chose de gratuit en remplacement (désolé je ne comprends pas l’italien !). Un coup de téléphone et 200m de marche plus tard, je rencontre le curé du village qui me propose de passer la nuit dans l’auberge ouverte pour les pèlerins en route vers Rome ! 🙂
13 juillet, jour 21 : Miradolo Terme – Sospiro (74.41 km)
Rien de très inhabituel ce jour-là jusqu’à que, d’un coup, mon pneu arrière se retrouve à plat en même pas 10 secondes ! Je constate surtout que la jante arrière est fendue en plusieurs endroits et que la roue est complètement voilée. Comment et quand est-ce arrivé ? Peut-être un choc violent (bid de poule) ou bien une chute du vélo à l’arrêt qui déforme la roue arrière quand je le redresse. Ça n’a pas du arriver il y a bien longtemps vu l’importance du voile. La chambre à air est elle déchirée sur 2cm à l’endroit d’une ancienne réparation, je ne sais pas trop pourquoi c’est arrivé mais ce n’est pas une crevaison classique donc mes super pneus increvables n’ont pas failli :p
Je répare et reprend la route en gardant à l’esprit que la roue arrière peut me lâcher subitement.
Je passe par la ville de Cremona qui est un bel exemple de ville italienne moyenne avec les rues vides de voitures mais avec pas mal de cyclistes. Le soir, je m’offre un petit extra de 2 pizzas, le départ sera difficile le lendemain mais ça fait plaisir.
14 juillet, jour 22 : Sospiro – Castelbelforte (94.11 km)
Objectif de l journée : réparer la roue arrière ! Je commence par me renseigner sur la terrasse d’un bar, quelques discussions (auxquelles je ne comprends pas grand chose) plus tard, je me retrouve à suivre une Fiat Panda poussive (Peck 😉 ). On s’arrête devant une maison, en fait le monsieur du bar m’a juste emmené chez un pote à lui qui doit savoir poser une rustine et qui constate qu’il ne peut pas me changer la roue arrière… Pas grave, je continue !
Sur la route, je passe devant un terrain aménagé pour les moto-cross, deux motards talentueux s’éclatent en décollant de plusieurs mètres sans faillir.
Je finis par atteindre la belle ville de Mantova où j’écume les réparateurs de vélo. Le premier me dit qu’il n’a pas de roue pour la remplacer, le second m’explique qu’il doit me remplacer les deux roues pour 100€, inacceptable puisque je perdrais ma dynamo intégrée au moyeu avant. Le troisième a un soucis parce que ses roues n’ont que 8 vitesses et moi 9… Je dis que je vois pas le rapport puisque je ne veux pas changer mes pignons mais juste la jante. Je trouve finalement un quatrième réparateur qui accepte de changer la roue pour 40€ main d’oeuvre comprise !
Ça m’inquiète parce que cette fois-ci la réparation est assez simple, si j’ai un problème plus spécifique ou qui m’empêche de rouler, ça va pas être la joie de trouver un réparateur bien équipé.
15 juillet, jour 23 : Castelbelforte – Cavazzale (94.96 km)
Journée tranquille, les Alpes se montrent à l’horizon, je m’en approche pour varier les plaisirs. La plaine c’est facile mais ennuyeux, la montagne apportera un peu de variété.
Je visite rapidement la ville de Vincenza.
16 juillet, jour 24 : Cavazzale – Arsiè (78.86 km)
Matinée en plaine jusqu’à la ville de Bassano sur la Grappa. Après déjeuner j’essaie d’aller dans l’eau : erreur, elle est très fraîche !
J’entre ensuite vraiment dans les Alpes. Je reste heureusement au fond de la vallée sur une petite route qui monte très doucement, l’essentiel du trafic étant sur l’autoroute de l’autre côté de la vallée. Ça n’empêche pas d’avoir de jolis panoramas sur les montagnes alentours à plus de 1000m.
Je prends le temps de faire la visite de la grotte d’Oliero. C’est en fait une des sources de la rivière aperçue plus bas à Bassano. Le plateau situé 1000m au dessus de la grotte est fait de roches karstiques perméables (dédicace Léa !), l’eau des pluies sur le plateau est filtrée et se déverse lentement dans la grotte dont le fond est imperméable. Le système forme comme un château d’eau. La partie accessible au public est assez petite mais avec du matériel de spéléologie voire de plongée il est possible de visiter les nombreux kilomètres.
Après cette visite spéléoculturelle, je continue d’avancer dans la vallée sur une piste cyclable bien aménagée et isolée de la route. Au pied de l’ascenfinale, je rencontre Daniel et Thomas, deux allemands qui rallient Venise depuis Munich à travers les Alpes, pépère. On fait un petit bout de route ensemble avant de nous séparer arrivés en haut de la petite ascension.
17 juillet, jour 25 : Arsiè – Godega (112.73 km)
Au petit matin, alors que je finis de ranger mes affaires, une voiture des carabinieri débarque. Sont-ils venus pour me réprimander d’avoir passé la nuit dans un jardin public ?
Non, pas un mot sur le camping sauvage. Le policier me demande ma carte d’identité puis me demande de vider une des sacoches (la plus difficile à ranger évidemment). Serais-je un migrant sans papier qui a choisi une couverture astucieuse de cycliste au lieu de bêtement prendre un bus ou un train ? Serais-je un transporteur de drogue qui inaugure la nouvelle discipline du « Go slow » ? Je m’exécute à contrecœur mais il ne prend même pas la peine de regarder ce que je sors, c’est quoi ce contrôle à deux balles ?? Il finit par m’expliquer avec l’aide de Google Traduction que le monde est incertain et qu’il faut être vigilant après les évènements à Nice. Ça justifie de contrôler à l’arrache une sacoche de cycliste alors que les camions circulent tranquillement sur l’autoroute 100m plus loin avec peut-être des cargaisons d’armes et d’explosifs.
Après cet épisode peu glorieux, j’entre dans le parc national des Dolomites, un massif montagneux au décor impressionnant. La route reste tranquillement au fond de la vallée et permet de voir une petite partie du spectacle. Je n’ai pas le courage d’aller plus loin dans les montagnes.
En sortant des Dolomites pour revenir dans la plaine au nord de Venise, l’autoroute passe sur un viaduc monumental et ma petite route slalome entre les piles, je perds tous mes repères dans ce décor !
18 juillet, jour 26 : Godega – Muzzana (90.74 km)
Une journée tranquille, j’emprunte volontairement de petites routes sinueuses pour éviter les grands axes, ça me rallonge la route mais je suis au calme et je n’ai pas à surveiller constamment le rétro.
En passant à proximité d’une rivière, c’est trop tentant, je décide d’aller me baigner et me rafraîchir. Pour descendre dans l’eau, je glisse dans les orties et pareil en remontant… Ça pique mais ça valait le coup 🙂
19 juillet, jour 27 : Muzzana – Aquilinia (101.71 km)
Je fais un détour jusqu’à la lagune de Marano. Comme je ne suis pas passé par celle de Venise, je me dis que ca peut être intéressant. Bon c’est pas très beau, j’en profite quand même pour visiter le (petit) musée de Marano qui retrace l’histoire de la lagune.
Elle a été peuplée au néolithique par des agriculteurs, ils ont creusé des canaux de drainage dans les terres marécageuses qui entourent la lagune et l’ont rendue propice à l’agriculture. Des pêcheurs vivent de leur travail dans ces eaux calmes sans avoir à s’aventurer en mer. Au Moyen-Age, le site est contesté entre les différentes puissances du coin, un fort est donc construit pour défendre cette partie de la mer Adriatique. Elle sera finalement conquise par la république de Venise. La vie restera toujours difficile à cause de l’eau et des maladies comme le palus ou le choléra, ces défis seront finalement surmontés à la fin du 19ème siècle.
Je poursuis ma route vers Trieste avec l’objectif d’être au plus près de la frontière slovène. Sur une plage je rencontre un couple de Suisses, Rachel et Thomas, qui se donnent une semaine pour aller de Venise à Pula en Croatie, à vélo bien sûr ! Nous ferons un bout de chemin ensemble jusqu’à Trieste.