du 23/06/2016 au 09/07/2016
Jour 1 : Fresnes – Dammarie-les-Lys (74.68 km)
Un dernier dejeuner englouti, les dernières affaires rangées dans les sacoches et un dernier au revoir à la famille, le départ est enfin arrivé après des mois de préparation !
C’est la journee la plus chaude de l’année après un printemps pourri, il fait 30 degrés et pas un nuage a l’horizon.
Je commence par rejoindre la cathédrale Notre-Dame de Paris pour symboliquement « partir de Paris ». C’est peut-être la que je réalise toute l’ampleur du projet qui m’attend. Jusqu’à ce moment, c’était une idée, des lignes sur une carte du monde, des longs préparatifs pour me détacher de toutes les contraintes de la vie moderne. Il ne me reste plus qu’à passer à la pratique : pédaler de longues heures sous le soleil et la pluie dans des lieux inconnus et parfois isoles, dormir sous la tente dans des conditions de confort et d’hygiène précaires. C’est très négatif mais c’est un de ces moments de flippe comme il y en a de temps en temps, en fait ça me semble normal que ça arrive au moment de partir !
Je me lance en laissant les doutes derrière moi pour suivre la Seine, ça restera mon fil directeur pour le restant de la journee. Les conditions sont vraiment désagréables avec la chaleur et le trafic automobile. Je file le plus vite possible pour échapper a la banlieue parisienne hostile au cycliste… Je rejoins finalement Dammarie-les-Lys, à proximité de Melun pour y passer ma première nuit. Erreur fatale en choisissant le lieu du bivouac, je m’installe juste en face d’un lampadaire (qu’il est nécessairement utile de laisser allumer toute la nuit). Ça sera une mauvaise première nuit entre chaleur, lumière et manque de sommeil (l’excitation du départ ?). Les débuts sont toujours difficiles 🙂
Jour 2 : Dammarie-les-Lys – Villeneuve-sur-Yonne (96.01 km)
Le décor change avec une petite traversée de la foret de Fontainebleau et enfin une circulation un peu plus calme ; mais je reste coince sur des axes fréquentés si je veux suivre la Seine et une route à peu près directe. A la mi-journée je passe la confluence de la Seine et de l’Yonne pour suivre le cours de cette dernière. Petite curiosité : l’Yonne est plus importante que la Seine a cet endroit et donc le fleuve qui coule a Paris est en réalité l’Yonne et non la Seine. Je ne sais pas si c’est une erreur historique ou si un changement affectant les deux rivières a eu lieu dans l’histoire…
C’est aussi a ce moment la que je quitte l’Île-de-France pour entrer en Bourgogne. J’arrive finalement a Villeneuve-sur-Yonne ou il se met a méchamment pleuvoir pendant je dîne sur un quai de la riviere. Un sympathique marin d’eau douce voit ma détresse et m’installe alors un parasol en guise de parapluie géant, ce qui permet de manger a peu près au sec. Une fois la pluie cessée, je trouve un petit stade pour planter ma tente et y passer la nuit. Je demande quand même la permission aux personnes présentes qui me proposent spontanément de prendre une douche dans les vestiaires du club. Un grand merci au club de football américain des Gothics !!!
Villeneuve-sur-Yonne : 10/10 !
Jour 3 : Villeneuve-sur-Yonne – Clamecy (96.05 km)
Je décide de quitter les grands axes pour suivre des routes plus tranquilles mais aussi plus vallonnées. Je passe dans des zones alternant entre forêts et champs.
Je m’arrête dans la ville de Clamecy pour y passer la nuit. Je pose ma tente au bout d’une île sur l’Yonne, c’est très bucolique pour la photo mais il faut ignorer l’usine chimique à 200m dans le dos !Je peux dire que c’est a partir de la que je commence à apprécier le voyage que je commence 🙂
Jour 4 : Clamecy – Arleuf (91.56 km)
Dans la matinée, je suis le canal du Nivernais donc le parcours est très agréable à vélo puisqu’il est sépare de la circulation. Et comme c’est un canal, les gens qui l’ont construit ont choisi le chemin le plus plat possible.Après la pause dejeuner, j’entre dans le parc régional du Morvan. Ça veut dire que la route se met a faire des montées-descentes ! Les montées sont pénibles, surtout que je n’ai pas encore la forme physique nécessaire mais ça viendra et dans quelques semaines ça sera – un peu – pénibles de monter une colline. Les descentes sont la récompense de l’effort consenti ! Je limite ma vitesse en descente à environ 35 km/h parce qu’un vélo aussi chargé, à l’avant et à l’arrière, a beaucoup d’inertie et les sacoches avant ne sont pas très bien maintenues donc elles déstabilisent le guidon facilement. Records de vitesse à oublier ! Le Morvan est aussi assez vide donc les routes sont désertes.
Après une longue et difficile montée, pas le courage de continuer et de profiter de la descente, je m’arrête à Arleuf pour y passer la nuit.
Jour 5 : Arleuf – Salornay-sur-Guye (106.04 km)
Comme je quitte le Haut-Morvan, je profite de longues descentes pendant une bonne partie de la matinée : le pied !
L’après-midi je traverse le bassin minier autour du Creusot. Il y a même un musée de la mine que j’aurais aime visiter mais il n’est pas ouvert au public en semaine avant le 1er juillet 🙁C’est peut-être ma forme physique qui va en s’améliorant ? J’ai un rythme assez rapide le reste de la journee et j’atteins les 106 km à 17h. Je m’arrête là pour me poser tranquillement, me laver dans la rivière, faire une lessive dans l’ancien lavoir et m’atteler à la rédaction de mon premier billet sur le blog 🙂
Jour 6 : Salornay-sur-Guye – Saint-Bernard (95.14 km)
Je passe rapidement par Cluny qui abrite une importante abbaye du Moyen-Age mais je ne prends pas le temps de faire la visite. A la sortie de la ville, je rencontre un petit groupe de collégiens qui profitent de leurs derniers jours de classe pour faire du VTT avec leur prof d’EPS. Ils me montrent la voie verte qui me fera passer dans la vallée de la Saône. La voie commence par la passage dans le soi-disant plus long tunnel de France ouvert aux vélos, soit 1600 mètres de fraîcheur. A la sortie du tunnel, on monte péniblement jusqu’au château de Berzé-le-Chatel pour un petite photo. Ils doivent déjà rentrer donc je continue tranquillement la descente jusqu’à la Saône. J’emprunte le chemin de halage le long de la rivière pour le restant de la journée. S’il est bien bitume près des ports fluviaux et des villes, ça devient un chemin caillouteux dans les zones plus isolées. Ça demande bien sûr plus d’efforts pour pédaler mais aussi une concentration à tous les instants pour éviter les pierres, les nids-de-poule ou les morceaux de bois qui pourraient me faire déraper ou voiler les roues. Je passerai la nuit au bord de la rivière.
Jour 7 : Saint-Bernard – Saint-Clair-du-Rhône (97.43 km)
Je continue à suivre la Saône mais je passe très vite sur la route jusqu’à Lyon. La route est assez agréable et on rejoint assez vite une aussi grande ville sans vraiment s’en rendre compte, ce n’est pas une route embouteillée qui traverse une zone commerciale de plusieurs kilomètres, peut-être à cause du relief assez accidenté près de la Saône. Je déjeune sur la Place Bellecour, la ville est aux couleurs de l’Euro.Je passe la confluence pour désormais suivre le Rhône. C’est un fleuve assez agité avec un courant assez fort et des tourbillons imprévisibles, il y a également plusieurs barrages. Moi qui trouvait classe de peut-être un jour descendre du Lac Léman a la mer en kayak, ça va être compliqué !
Je passe devant le musée Gallo-Romain de Saint-Romain-en-Gal. Super, une visite sans me presse et au frais ! Je déchante quand je vois qu’il est 17h et que le musée ferme une demie-heure plus tard… Adieu Jules et Vercingétorix 🙁 Après avoir traverse la ville de Vienne, le temps devient orageux, je prends quelques gouttes sur la route mais le temps se gâte sérieusement après dîner. Voyant ma détresse par leur fenêtre, Muriel et Karim m’invitent gentiment pour boire le café en attendant que l’orage se calme.
Jour 8 : Saint-Clair-du-Rhône – Cornas (97.27 km)
Installé au pied d’une église pour la nuit, le réveil se fait au son des cloches ! Je croise assez vite une voie verte longeant le Rhône : la Via Rhona. Cette piste en cours de construction se donne pour objectif de relier le Lac Léman à la Méditerranée, il manque des sections mais le projet est assez avancé pour m’être grandement utile.
Je fais un crochet de quelques kilomètres dans les terres pour visiter la maison de la Céramique de Saint-Uze mais encore une fois c’est raté ; le 30 juin n’est pas encore une période de vacances scolaires donc pas d’ouverture du semaine… Mon avancée finira par être stoppée par des orages a partir de 16h mais je profite de jolis arcs-en-ciel 🙂 La nuit commencera par des orages et des éclairs au loin mais pas de pluie de mon coté.
Jour 9 : Cornas – Pierrelatte (103.03 km)
Je continue à suivre la Via Rhona. Je passe une bonne partie de la matinée avec un couple de néerlandais, Hans et Willy, qui rallient Avignon depuis Amsterdam, à vélo en 4 semaines. Hans triche puisqu’il a un vélo à assistance électrique :p
En passant au dessus du « cul de la Drome », un cycliste m’explique l’élégance linguistique des gens du coin puis il m’invite chez lui pour le dejeuner. Denis et Élisabeth me font profiter de la piscine et de leur succulente macédoine de légumes du jardin. Inutile de dire qu’après une telle attention de leur part, remonter sur le vélo et affronter la chaleur estivale est difficile ! Denis me donne tous un tas de conseils sur la suite de mon parcours en Provence.Je repars en suivant la Nationale 7 et je passe à proximité de la centrale nucléaire de Cruas. J’ai trouvé ironique les 2 éoliennes installées juste devant les 4 réacteurs, ça ressemble à une sorte de green-washing de la part d’EDF : « regardez, on a mis 2 éoliennes, faites pas attention à ce qu’il y a derrière ! ». J’ai eu le temps de réfléchir à la question, l’énergie est un sujet qui m’intéresse beaucoup parce que sa disponibilité est à la base du confort moderne. Il faudrait de l’ordre de 10 000 éoliennes pour remplacer cette centrale, sans tenir compte des problèmes de disponibilité en l’absence de vent. Cela donne une idée de l’effort pour remplacer l’énergie nucléaire sans recourir aux énergies fossiles.Dans la suite de l’après-midi, j’approche des gorges de l’Ardèche et les paysages se font parfois monumentaux avec des parois verticales de chaque coté du Rhône.
Jour 10 : Pierrelatte – Le Thor (106.00 km)
La Via Rhona s’arrête peu après mon départ, je rejoins donc les routes. Je profite de mon passage près des derniers vergers pour cueillir quelques abricots directement à la source :p. Des fortes pluies me forcent à m’arrêter en fin de matinée jusqu’à 14h. Les nuages laissent la place à un soleil de plomb et une atmosphère lourde. J’atteins Avignon dans l’après-midi et je quitte alors le Rhône pour m’enfoncer dans la Provence.À la sortie de la ville des papes, un voyageur à vélo m’interpelle, pensant que j’étais polonais comme lui à cause de mes sacoches Crosso. J’apprends qu’il avait suivi un trajet similaire au mien l’année dernière en traversant l’Europe du sud puis la Turquie et l’Iran. Il me rassure en m’expliquant que les gens et les autorités sont bien plus accueillantes qu’en France où la police municipale l’avait chassé à plusieurs reprises des plages où il voulait dormir.
Jour 11 : Le Thor – Manosque (97.04 km)
J’entre dans le parc régional du Lubéron avec son ciel bleu et ses champs de Lavande. Je déjeune dans le village de Roussillon perché sur les falaises d’ocre.Je suis ensuite la voie verte du Calavon qui me fait serpenter au milieu des champs de lavande. Cette véloroute est une des premières section réalisée du projet d’Eurovélo 8 qui reliera l’Espagne à Chypre en restant proche des côtes méditerranéennes et adriatiques. Je devrais suivre d’autres sections de cette route plus tard dans mon périple. Elle se termine malheureusement assez vite après une vingtaine de kilomètres.
Au pied de la montée vers Manosque, je fais une pause et discute avec un photographe arrêté au bord de la route en attendant que le soleil décline et lui offre une belle vue sur des ruines. Je le laisse patienter encore quelques heures et entame ma montée. Je fais peut-être le malin en écrivant cela plusieurs jours après l’effort mais c’était plus court que je ne l’imaginais, je pensais être à 500 m d’altitude quand je suis passé devant le panneau signalant l’arrivée au col de Montfuron à 649 m.La descente jusqu’à Manosque est juste un plaisir qui récompense l’effort consenti ! Arrivé en ville, j’ai la chance d’assister à des démonstrations d’arts martiaux japonais à l’occasion d’un festival du Japon à Manosque.
Jour 12 : Manosque – Draguignan (107.22 km)
Ayant dormi devant la maison de Jean-Pierre (à qui j’avais demandé la permission la veille), il m’offre le petit déjeuner 🙂 Je monte ensuite vers les plateaux du parc du Verdon avec ses immenses champs de lavande et ses touristes par dizaine se prenant en photo. Ma monture réclame aussi sa photo alors je m’exécute !La route descend ensuite jusqu’au superbe lac de Sainte-Croix au bout des gorges du Verdon. J’en profite pour m’y baigner mais je ne reste pas très longtemps par crainte qu’on ne touche à mon vélo resté à quelques centaines de mètres du lac pour finir le chemin à pied.
La suite est une interminable et pénible montée jusqu’à 800m d’altitude avant de redescendre vers Draguignan.
Jour 13 : Draguignan – Cannes (80.94 km)
Une étape assez courte pour rejoindre Cannes où mes amis Damien et Florine résident, ça me permettra de me reposer quelques jours avant de repartir vers l’Italie. Je suis la Nationale 7 sur une bonne partie de la journée et notamment à travers le massif de l’Estérel.
Jours 14 & 15 : Repos
Jour 16 : Cannes – Menton (88.23 km)
Je prends la route qui suit la côte toute la journée pour éviter de grimper 500m puis les redescendre aussitôt. Il y a pas mal de sections de piste cyclable entre Cannes et Nice.
Après Nice, les montagnes vertigineuses se jettent littéralement dans la mer, ne laissant que peu d’espaces plats. Des villas valant certainement des millions sont accrochées sur les collines de chaque côté de la route.
Je passe par la principauté de Monaco où les amateurs de Formule 1 pourront admirer les bordures de la route rouges et blanches et emprunter le tunnel du circuit comme des choux-marreurs 🙂
Les bruits de voiture et de motos sont assourdissants à la sortie de Monaco où je fais une pause. Arrivé à Menton, je ne trouve pas de lieu où poser ma tente discrètement, je monte sur les hauteurs mais chaque mètre carré à peu près plat est occupé et grillagé donc je me résouds à rejoindre le camping municipal, pour la première fois du voyage.