Récit de voyage : Chili (3ème partie)

du 06/04/2017 au 18/05/2017

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7 avril au 18 avril : Puerto Montt – Lota (env. 1000 km)

Suite au vol de mon téléphone à Lota, à proximité de Concepción, je n’ai quasiment pas de photos à montrer…

Puerto Montt marque le début du Chili urbanisé où je n’ai plus (trop) à m’inquiéter de l’état de la route ou de la distance jusqu’au prochain ravitaillement en vivres. Les Chiliens ont manqué d’inspiration en nommant leurs régions : « région des lacs » et « région des fleuves ». Je me lance à la visite des 9 lacs alignés au pied de la cordillère. De superbes volcans à la forme conique complètent les panoramas. À ce moment-là du voyage, je suis assez fatigué par le périple en Patagonie et je limite la difficulté du parcours. Je reste sur la rive ouest des lacs sans chercher à en faire le tour ou à monter sur les volcans. Les paysages sont beaux mais il est frustrant de rester loin.

Volcan Villarica, la route pour s’en approcher se finit en cul-de-sac et m’obligerait à revenir sur mes pas…

Ayant fini la visite des lacs, je bascule vers l’océan Pacifique. Je roule une demi-journée sur la Route 5, la route qui traverse tout le Chili du nord au sud. Ici, c’est une autoroute, je m’inquiète d’être arrêter par la police ou aux péages mais finalement ça ne choque personne et les policiers me lancent même des encouragements ! Le trafic est faible et la bande d’arrêt d’urgence me permet de rouler à l’écart des autres véhicules. En fait, le plus gros problème est la propreté de la route : il faut slalomer entre les pièces mécaniques abandonnées mais j’ai vite fait de rouler sur une tige de rivet qui transperce mon pneu supposé increvable et abime même la jante…

Je quitte vite cette autoroute pour m’approcher de la côte. C’est plus tranquille mais bien plus difficile. La côte est accidentée et la route reste souvent dans les terres. Le premier aperçu de l’océan, c’est à 200 mètres d’altitude avec des falaises bordées de plages de sable noir, vraiment pas mal ! J’arriverai ensuite à rouler en bord de mer quelques fois mais le reste du temps, je grimpe des collines quand je ne roule pas dans des plantations interminables de pin ou d’eucalyptus. Je me retrouve même une fois dans un quasi cul-de-sac, face à 80 km de route dans un état catastrophique, ce qui m’oblige à rebrousser chemin pour rouler sur de l’enrobé. C’est une partie que j’ai trouvé très ennuyeuse, sans rencontres ni points d’intérêt.

Ma première vision de l’Océan Pacifique au Chili !

Je finis par approcher de Concepción, une grande ville où je pourrai m’arrêter quelques jours pour me reposer et m’occuper du vélo. Je passe par la ville de Lota, à 40 km au sud de la capitale régionale. L’histoire de la ville est marquée par la mine de charbon qui s’enfonce à plus de 500 mètres sous la terre et même sous la mer. L’exploitation a été arrêtée à la fin des années 1990 à cause de la difficulté de travailler dans une mine si proche du fond marin.

Je passe une première nuit sur la plage à la sortie de Lota, sans encombres. Le lendemain se révèle être le jour du recensement national : tout le Chili est à l’arrêt, les rues sont désertes, les magasins sont fermés, la mine que je souhaitais visiter aussi. La ville, qui est la plus pauvre et la plus malfamée que j’aie visité au Chili, se montre encore plus glauque avec tous les rideaux baissés et sous la pluie. Les gens que je rencontre sont tous très sympathiques mais me répètent de me méfier parce que je risque vraiment de me faire voler. Ces avertissements finissent par me rendre parano au point d’aller demander au commissariat de police si je peux camper à côté de leur bâtiment. C’est une chose courante plus au sud, en Patagonie, mais pas ici. Je retourne donc passer la nuit sur la plage. Je suis finalement réveillé et dépouillé une heure avant l’aube. Je ne reverrai plus mon vélo, mes moyens de paiement, ma caméra et mon téléphone ; je gagne au passage une épaule et un dos très endoloris pour une bonne semaine. Je retourne au même commissariat, qui m’avait rejeté quelques heures plus tôt, pour signaler l’agression et le vol. Fabian, le carabinero qui prend ma plainte, me propose de loger chez lui en attendant de retrouver mon autonomie (qui passe en réalité par une nouvelle carte bancaire).

5 mai au 14 mai : Concepción – Viña del mar (env. 700 km)

Après deux semaines d’arrêt, la première pour réfléchir à la suite et la seconde pour acheter un nouveau​ vélo et l’équiper, je reprends la route vers le nord en me faisant la promesse de ne pas répéter les mêmes erreurs.

Le nouveau vélo, paré au départ !

Je continue de longer la côte Pacifique qui est maintenant moins accidentée. Je passe bien plus souvent en bord de mer où le sable d’abord noir, d’origine volcanique sans doute, avant de retrouver une couleur plus classique. Les vagues hautes et régulières font de cette partie du Chili un célèbre spot de surf, avec une combinaison bien sûr à cause de la température fraiche en toutes saisons. La route reste cependant assez vallonée puisque je longe la Cordillère Côtière, la chaîne de montagnes coincée entre l’Océan et les Andes. Elle atteint tout de même les 2000m à l’approche de Santiago du Chili.

La première plage visitée, battue par les vagues

Je n’ose pas camper de nouveau le premier soir, je demande à un homme qui me propose de dormir dans sa cour et m’invite même à diner chez sa soeur. Les jours suivants, je peux à chaque fois camper dans la forêt à l’abri des regards. J’ai le sommeil léger, chaque bruit m’inquiète mais je ne fais pas de mauvaise rencontre. La peur s’atténue peu à peu au fil des jours.

Des forêts très naturelles
La lumière du soleil à travers les nuages produit un halo
Un village de pêcheurs
Les traces d’un incendie

La route continue de passer dans des plantations de pins interminables. Les traces de terribles incendies des mois et des années précédentes sont parfois visibles, laissant les collines noircies couvertes d’allumettes partiellement carbonisées.

Aux abords de la ville de Constitución
La Maule coule tranquillement à travers la Cordillère Côtière
Coucher de soleil sur la plage d’Iloca

Autour du 10 mai, de pluies torrentielles balayent le centre-nord du Chili. La frange sud du désert d’Atacama est touchée et des coulées de boue ravagent la région. Étant dans le centre-sud du pays, je fais simplement face à des pluies importantes pendant deux nuits ; les journées sont plus clémentes.

Le Chili est un important producteur de vin
Les premiers cactus apparaissent dans le paysage. Le climat s’assèche en remontant vers le nord.

J’approche de Valparaíso, la grande ville portuaire à la même hauteur que la capitale Santiago. Les cités balnéaires accueillant les habitants de la capitale pour le week-end ou les vacances se succèdent le long de la côte. Je passe malgré tout par Cartagena, une ville qui me rappelle furieusement Lota, où j’avais été dépouillé. Les rues désertes, les maisons délabrées et l’homme abandonné à sa prise de je ne sais quelle substance illicite me suggèrent de fuir aussi vite que possible.

Le port de San Antonio
La plage de Cartagena, ça parait mignon vu comme ça…
Les cités balnéaires avec leurs immenses immeubles
Enfin Valparaíso ! Elle ressemble à la San Francisco californienne à cause du relief et du brouillard fréquent en matinée.

15 mai au 18 mai : Viña del mar, Valparaíso, Santiago

Je m’arrête pour quelques jours à Viña del mar, la grande ville mitoyenne de Valparaíso, reputée beaucoup plus sûre que sa voisine. Le message des Chiliens est simple : ne te balade pas seul à Valparaíso la nuit, tu es sûr de te faire voler ton téléphone. Rassurant. Je n’irai faire la visite que de jour… Ou plutôt c’est ce que je me dis dans un premier temps ;). Viña del mar, au contraire, a des faux airs de Cannes avec ses restaurants chics et son casino en bord de mer.

Viña del mar qui copie l’architecture du début du 20ème siècle des quartiers ouvriers de la région parisienne !
Un moai de l’île de Pâques a été installé à Viña del mar
Valparaíso est littéralement accrochée sur la montagne, les funiculaires sont partout
Le port de Valparaíso et le ballet des grues de chargement des cargos.
Valparaíso est célèbre pour ses peintures sur un grand nombre de murs et de façades de maisons

Je me rends à la capitale pour la journée en bus pour acheter quelques pièces de vélo indispensables comme des pneus de qualité et une selle en cuir Brooks, indispensable pour préserver mes fesses musclées ;). Elle vaut une fortune mais la qualité est au rendez-vous.

Dans le centre de Santiago
Le Palais de la Moneda, siège de la présidence chilienne. C’est ici que Salvador Allende est mort lors du coup d’état du 11 septembre 1973.

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